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HISTORIQUE 2009 : les oeuvres

 

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L.V. BEETHOVEN : Sonate Op.31 n°2, "La Tempête"
J. BRAHMS : Trois Intermezzi Op.117
B. BARTOK : Mikrokosmos, 6 danses dans le rythme bulgare.
F. LIZST : Sonetto 104 del Petrarca
F. LISZT : Funérailles
F. LISZT : Après une lecture de Dante
R. SCHUMANN : Quatuor Op.41 n°3
R. SCHUMANN : Quintette pour piano et quatuor à cordes Op.44

 

L.V. BEETHOVEN : Sonate n°17, Op. 31 n°2 en ré mineur, "La Tempête"

L.V. Beethoven

Cette sonate fait partie d'un groupe de trois sonates portant le numéro d'opus 31. Les deux premières sont composées sensiblement en même temps. Il semble même que la sonate Op. 31 n°2 ait été composée avant la sonate Op. 31 n°1.
Composée entre la fin de 1801 et les premiers mois de 1802, cette sonate reflète le sombre esprit du compositeur en cette période douloureuse (rédaction du célèbre Testament d'Heiligenstadt en 1802). Selon Czerny, l'Allegretto final aurait d'ailleurs été noté à Heiligenstadt au début de l'été 1802, d'après le galop d'un cheval sous la fenêtre de Beethoven.

Il est par contre avéré que le musicien répondit un jour à Schindler qui l'interrogeait sur la signification de l'oeuvre : "Lisez la Tempête de Shakespeare!". S'agit-il d'une tempête intérieure ou d'une insistance sur l'expression dramatique réclamée par l'oeuvre? Quoi qu'il en soit, c'est de cette réponse que vient le nom qui reste depuis attaché à cette sonate.

Cette sonate Op.31 n°2 marque un pas décisif vers l'affranchissement de la forme ou, pour mieux dire, vers sa soumission à l'expression : celle-ci s'incarne immédiatement dans une forme conçue pour elle. "A présent, je veux marcher dans des chemins nouveaux" disait Beethoven lors de la genèse de l'opus 31. Toutes les audaces de l'allegro initial font foi de cette volonté.

 

J. BRAHMS : Trois Intermezzi Op.117

J. BRAHMS

Dans l'opus 117 composé en 1892, Brahms va confier ses pensées à trois Intermezzi. D'après Claude Rostand, ce sont "trois paysages d'automne qui restent tous dans la demi-teinte, le clair-obscur, chers au Brahms de la vieillesse"

- 1er Intermezzo, en mi bémol majeur
Dans cette page doucement résignée, Brahms s'inspire d'une ancienne berceuse écossaise, la Lamentation de Lady Anna Bothwell tirée des Reliques of Ancient Poetry de Percy, qu'il connaît depuis longtemps. Le premier thème, tendre et maternel est chanté par une voix intermédiaire et enveloppé dans une double pédale continue de mi bémol. Quatre mesures de ritournelle modulent vers la partie centrale, piu adagio, en mi bémol mineur, qui traduit le désespoir de la mère abandonnée. La reprise variée du premier thème est une merveille de poésie : le thème, en octaves, est partagé entre les deux mains, surmonté d'accords tristes et d'arabesques qui épousent la forme d'un canon.

- 2eme Intermezzo, en si bémol mineur
Célèbre à juste titre, cette élégie pleine de noblesse et d'élégance, mais aussi de tristesse résignée, possède un charme fugitif dû à son écriture morcelée, faite d'arpèges entrelacés. La seconde idée n'est que l'augmentation au relatif majeur de la première. Le troisième épisode, plus qu'une reprise, forme une libre improvisation, très modulante, que vient conclure une coda piu adagio.

- 3eme Intermezzo, en ut dièse mineur
Troisième volet de ce triptyque nostalgique, cet Intermezzo a les caractéristiques de la ballade nordique : simplicité mélodique, dynamique de la narration, clarté harmonique. Le premier thème, exposé par les deux mains à l'unisson, est une marche lugubre et mystérieuse à la fois. La seconde idée, en croches et toujours sans accompagnement module vers sol dièse mineur. La première idée est reprise au ténor, surmontée d'accords statiques. La seconde section, piu mosso ed espressivo en la majeur, est très schumannienne, inquiète et tourmentée avec son thème syncopé et dispersé sur plusieurs octaves. La reprise de la première partie est admirablement variée, d'une écriture plus riche, et culmine dans la coda grandiose.

 

B. BARTOK : Mikrokosmos, 6 danses dans le rythme bulgare.

B. BARTOK

Ce cycle important pour piano - important par l'ampleur de son projet pédagogique et important par sa valeur musicale - est constitué de 6 livres comportant 153 petites pièces. De difficulté croissante, ces pièces sont une sorte de Gradus ad Parnassum à l'usage du pianiste débutant.
L'écriture est extrêmement condensée : chaque pièce fait affronter un problème technique ou d'expression musicale particulier.

Mikrokosmos est toutefois bien différent d'une méthode d'apprentissage du piano. Les références dans Mikrokosmos sont nombreuses à des folklores (Europe centrale et orientale), à des cultures musicales, à des formes (choral, canon, variations...) et à des styles. On y trouve en particulier ces six Danses dans le rythme bulgare, pièces se référant aux danses et airs du folklore paysan tant aimé du musicien.

 

F. LISZT : Sonetto 104 del Petrarca.

F. LISZT

Issus des Années de Pèlerinage (Deuxième Année, Italie), les trois Sonnets de Pétrarque sont écrits à l'origine en 1838-1839 comme lieder pour une voix de ténor aigu. Liszt les transcrit ensuite pour piano. Il les révise finalement en 1858 pour leur donner la forme que nous leur connaissons aujourd'hui.

Ces trois Sonnets de Pétrarque atteignent au piano un lyrisme, une richesse et une efficacité de l'expression les situant au premier rang de la musique romantique pour l'instrument.

Sonetto 104 : "Paix je ne trouve et n'ai à faire guerre, et je crains et espère, et brûle et suis de glace... En cet état je suis, Dame, à cause de vous".

Le récitatif est ici d'une véhémence soutenue. L'élégie amoureuse - thème principal en mi majeur - alterne les moments d'enthousiasme et ceux de la plus poignante tristesse. A la fin cependant, tout s'apaise en un soupir de réconciliation avec une passion plus sereine.

 

F. LISZT : Funérailles (Harmonies poétiques et religieuses)

Funérailles est le septième morceau des Harmonies poétiques et religieuses, recueil composé entre 1834 et 1852. Le titre du recueil est emprunté à Lamartine qui avait publié en 1830 quatre livres rassemblant 47 poèmes visant à "reproduire un grand nombre des impressions de la nature et de la vie sur l'âme humaine".

Ce morceau est daté par Liszt d'octobre 1849. En conséquence il a souvent été interprété comme une sorte d'hommage funèbre à Frédéric Chopin, décédé le 17 octobre 1849, ce qui semble accrédité par les réminiscences de la Polonaise Héroïque Op.53 de Chopin qui transparaissent dans les arpèges de la section centrale.
Cependant, Liszt a précisé que l'oeuvre n'avait pas été écrite en l'honneur de Chopin, mais de trois de ses amis ayant succombé lors de l'échec du soulèvement hongrois contre le gouvernement des Habsburg en 1848.

 

F. LISZT : Après une lecture de Dante, Fantasia quasi sonata

Cette pièce, la dernière de la Deuxième Année de Pèlerinage (Italie), est la plus étendue et la plus longuement élaborée du cahier. Le titre en est emprunté à un poème de Victor Hugo mais la biographie de Liszt nous apprend que celui-ci lit abondamment la Divine Comédie de Dante en compagnie de Marie d'Agoult au moment de la composition de l'oeuvre. Liszt joue sa partition pour la première fois en 1839 à Vienne, la révise l'année suivante avant de lui donner sa forme définitive en 1849.
C'est l'Inferno de Dante qui est peint ici avec ses "étranges langues, horribles cris, paroles de souffrance, rugissements de colère". La Dante Sonata comme on l'appelle souvent est composée d'un seul mouvement continu, puissant, passionné, éminemment orchestral. On y trouve un caractère d'ample improvisation. Toutefois, on y discerne aussi une permanente hésitation, une confrontation, entre des éléments de la forme sonate et la structure de la forme cyclique.
Epique, grandiose, la Dante Sonata compte parmi les plus belles réussites des Années de Pèlerinage et anticipe, à maints égards la grande Sonate en si mineur.

 

R. SCHUMANN : Quatuor à cordes Op. 41 n°3 en la majeur

L'année 1942, entièrement consacrée à la musique de chambre voit naître les trois Quatuors Op.41. Ces quatuors sont composés pour Clara à qui Schumann, plein de fierté, les offre le 13 septembre 1842 pour son anniversaire. "Ce fut un jour plein de joie et de plaisir, écrit-elle... Tout ce que je puis dire des Quatuors est qu'ils me ravissent jusque dans le détail. Tout y est neuf mais clair, travaillé avec délicatesse, mais toujours dans le vrai style du quatuor".

Avec ses Quatuors, Schumann cherche également à impressionner Mendelssohn qu'il juge comme "le critique le plus élevé; il a, parmi tous les musiciens vivants, la vision la plus claire des choses". Schumann atteint son but puisque Mendelssohn lui déclarera plus tard "qu'il ne savait comment [lui] dire à quel point [sa] musique lui plaît".

Le troisième Quatuor est le plus audacieux, le plus ambitieux de l'opus 41. Il est aussi celui qui s'éloigne le plus de la norme classique.

 

R. SCHUMANN : Quintette pour piano et cordes, en mi bémol majeur Op.44

R. Schumann

Après l'achèvement des ses quatuors en août 1842, Schumann esquisse, plein d'enthousiasme, son Quintette entre les 23 et 28 septembre. Après avoir reçu les encouragements de Mendelssohn, il en achève la composition le 16 octobre de la même année. La première exécution a lieu à Leipzig lors d'un concert privé le 6 décembre 1842. Pour l'occasion, c'est Mendelssohn qui est au piano. La création publique a lieu le 8 janvier 1843. Clara Schumann, au piano, est accompagnée de différents musiciens du Gewandhaus. C'est en effet pour Clara que le Quintette a été composé. Il lui est d'ailleurs dédié.

Wagner, qui entend le Quintette en février 1843 à Dresde, fait part de ses impressions à Schumann dans une lettre : " Votre Quintette, très cher Schumann, m'a beaucoup plu; j'ai prié votre chère épouse de le jouer deux fois. J'ai encore très présents à l'esprit les deux premiers mouvements. [...] Je vois quel chemin vous voulez suivre, et puis vous assurer que c'est aussi le mien, là est l'unique chance de salut : la beauté."
Liszt se montre par contre moins enthousiaste. D'après les dires de Clara, il reste "froid, indifférent et grincheux". Il juge l'écriture contrapuntique du Finale trop "leipzigeoise', c'est-à-dire trop mendelssohnienne...

Le Quintette de Schumann est pourtant le premier grand chef-d'oeuvre conçu pour piano et quatuor à cordes. Après l'effort d'écriture qu'avait exigé la genèse des trois Quatuors Op. 41, le piano, associé à l'amour pour Clara, reprende ses droits. On ne trouve qu'à grand peine dans le Quintette six mesures où il se taise !

Le Quintette Op.44 reste un modèle de dynamisme et de fraîcheur insurpassé. Il allie la rigueur du style du quatuor à la fantaisie imaginative, à la richesse et à la liberté de l'écriture pianistique de Schumann.